Abstract
Les personnes touchées par les virus VIH/
VHC vivent aujourd’hui au long terme, mais
leur qualité de vie est fortement affectée par les
effets de leurs pathologies et des traitements.
L’étude rend compte d’une expérimentation
de pratiques corporelles non thérapeutiques
(méthode Feldenkrais) pour contribuer à
améliorer leur qualité de vie. A partir de la
perspective de l’écoute tactile et intersubjective
mise en jeu dans cette pratique corporelle,
apparaissent certaines spécificités de
l’expérience de la vie avec le VIH et de ses effets
sur l’image du corps des personnes concernées.
Cette image du corps serait non seulement affectée par les effets de la pathologie et des
traitements (effets tant visibles que sensibles
pour les sujets), par ceux de la stigmatisation
attachée au VIH et à ses représentations (VIH
et homosexualité, toxicomanie, immigration,
etc.), mais aussi par une construction surmédicalisée
du corps propre. La relation tactile
développée dans les séances de travail du corps
met en évidence l’incorporation par les patients
de « l’objectification » de leur corps par le
discours et les savoirs médicaux. Elle vient du
même coup plaider pour la reconnaissance des
savoirs intersubjectifs, qui redonnent leur place
au vécu du sujet, aux côtés des savoirs objectifs
et objectifiants qui dominent dans beaucoup de
pratiques médicales.